Enfin, impatientée, elle ouvrit la fenêtre de son oratoire et réitéra son appel strident.
Ce fut un désarroi général : la noble dame était fort redoutée ; aussi domestiques et femmes se dispersèrent-ils comme une volée de moineaux.
— Vous, détalez vite ! ordonna le gros sénéchal apeuré, en perdant un peu de sa dignité : notre maîtresse déteste les baladins.
— Laissez-moi au moins attendre mon corbeau, répondit tranquillement Madja.
— Malheureuse ! voulez-vous bien le rappeler, s’écria le pauvre homme avec désespoir, en voyant Mika se diriger vers le balcon où se détachait la silhouette sévère de la châtelaine.
— Laissez-le faire ! il arrangera vos affaires mieux que vous…
Il n’était pas convaincu et s’évertuait à faire déguerpir la bohémienne.
— Attendez que votre maîtresse me rapporte mon oiseau, dit Madja, les yeux fixés sur l’escalier d’honneur.
— Notre maîtresse se déranger !…
Il n’acheva pas…
La châtelaine, pâle comme une morte, parut sur le perron, l’oiseau de malheur perché sur son épaule sans qu’elle parût y prendre garde.
Hommes d’armes et serviteurs s’écartèrent toutefois, courbant le front.
Sans les voir, elle marcha droit à la Bohémienne :
— C’est vous qui m’avez envoyé ce corbeau, porteur de cet anneau ?
— Oui, madame.
— Et… cet anneau ?…