comte le petit-fils de Baudouin, Guy de Dampierre, le fils de Guillaume.
« Le bruit de cet événement n’est-il pas venu jusqu’à vous ?
— Non.
— Je me rendis en Flandre. Hélas ! j’arrivai pour voir mon gentil seigneur, attiré dans un piège, tomber aux mains de ses ennemis. Je préparais sa délivrance quand Allah lui-même le plaça sur mon chemin, mais blessé, mourant.
— Mon Dieu !
— Je le pris dans mes bras, je le couchai dans ma charrette, je pansai ses plaies… Mais, où le conduire, où le cacher à ses implacables ennemis ?
« Je songeai à son aïeule : je vins en Bourgogne et je m’arrêtai à Dampierre-sur-Vingeanne pour vous dire :
« L’enfant de votre fils est là, malade, faible, sans abri, presque sans pain. Voulez-vous l’accueillir, le soigner, le défendre, ou le repousser comme son père ?…
La noble dame se dressa, frémissante.
— La preuve de ce que vous avancez…
— Je ne l’ai pas. Les bourgeois de Lille ont envoyé les titres de leur comte au roi, son suzerain. Mais l’enfant que j’ai sauvé et que je vous amène est bien Guy de Dampierre ; les astres ont prononcé, et les astres ne mentent jamais. Au reste, voyez-le, observez-le sans vous nommer. Ici il sera en sûreté, et, lorsqu’il sera rétabli et que vous serez convaincue, agissez selon votre volonté.
— Où est-il ? je veux le voir.
— Donnez-moi deux serviteurs pour le conduire ici.
La dame de Dampierre porta son sifflet d’argent à ses lèvres. Ses gens accoururent.
— Obéissez à cette femme comme à moi-même, ordonna-t-elle.