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les apprentis de l’armurier

En. ce moment, la porte s’ouvrit brusquement : Harwelt parut, pâle et agité.

— La Régente a été prévenue, madame ; l’hôtel est envahi par les hommes d’armes.

— Comment ! qui a osé ?

— Au nom du roi ! dit une voix ferme.

Le sénéchal en personne était devant la comtesse frémissante.

— Qu’y a-t-il, messire, et comment pénètre-t-on ainsi chez moi à pareille heure ?

— Madame, plainte a été portée contre vous devant Sa Majesté. Vous êtes accusée de rapt et de violence contre deux de ses féaux sujets, et la présence ici de cette dame et de cet enfant qui ne semblent pas y être venus librement…

— Pardonnez-moi, monsieur le sénéchal ; ils vous répéteront eux-mêmes qu’ils m’apportaient, librement et spontanément, une pièce importante, que je compte soumettre avant peu au Conseil de Régence.

— Est-ce exact ? interrogea le sénéchal étonné ?

— Rigoureusement exact, répondit tranquillement Guy.

— Alors, je me retire…

— Nous nous retirerons ensemble, s’il vous plaît, messire, dit le jeune comte, avec un regard railleur vers sa tante : nous n’avons plus rien à nous dire, et une conversation, si intéressante qu’elle soit, ne peut se prolonger indéfiniment. Permettez-nous donc de profiter de votre escorte ?

— Vous avez juré, ne l’oubliez pas, gronda la comtesse, tandis qu’il s’inclinait poliment devant elle.

— À Dieu ne plaise, madame ! répondit-il avec un fin et mystérieux sourire.