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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/185

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les apprentis de l’armurier

Le prince dépossédé revint en France, à travers mille dangers et fatigues ; sous l’habit d’un pauvre pèlerin, il traversa le royaume pour venir demander justice à son suzerain, car il savait n’avoir rien à attendre de sa fille Jeanne, laquelle refuserait certainement de le reconnaître et de lui rendre ses États.

Il s’était décidé à rejoindre le roi à Reims où, parmi la noblesse réunie pour le sacre, se trouvaient plusieurs de ses vieux compagnons, entre autres le roi. Jean de Brienne, son ami, qui l’avait accueilli à bras ouverts, et accompagné près de la régente, appuyant chaleureusement sa réclamation en faveur de son petit-fils et de lui-même. Blanche de Castille connaissait la comtesse Jeanne pour mauvaise épouse et mauvaise fille ; elle avait examiné en son conseil les titres du jeune Guy de Dampierre et ils avaient été reconnus bons.

Sur l’avis du légat, le cardinal Saint-Ange, « homme prudent et avisé », elle rassembla quelques seigneurs et évêques ayant tous connu le comte Baudouin, et il répondit si bien à leurs questions, leur rappelant lui-même des souvenirs anciens, qu’ils en furent émerveillés et ne conservèrent aucun doute.

Les Flamands, qui depuis tant d’années supportaient à contre-cœur la tyrannie insupportable et odieuse de la comtesse Jeanne, réclamèrent à cor et à cri leur vieux seigneur, prince juste et débonnaire dont ils avaient gardé douce souvenance.

Et le vieil empereur rentra en triomphateur dans ses États, entre sa fille Marguerite et son petit-fils, au milieu des acclamations générales.