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Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/188

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les apprentis de l’armurier

l’autre… Doit-elle être grande à présent !… Une vraie femme… peut-être mariée et mère de famille.

Et celui qui parlait étouffa un soupir.

— Pourquoi n’as-tu jamais voulu revenir dans ce pays ?

— Il aurait fallu vous quitter, et, comme a dit la vieille Madja : « Ni dans la vie, ni dans la mort ! »

— Mon brave Gaultier !

— Cependant je suis bien aise de l’occasion qui nous ramène par ici… à condition de ne pas trouver Douce devenue dame Hugonet, cela me gâterait mon plaisir.

— Tu préférerais qu’elle devînt dame Gaultier.

— Oui, mais inutile d’y songer : on ne peut fuir sa destinée et je suis condamné à épouser une reine, répliqua le digne serviteur avec une résignation comique.

— Dame ! n’as-tu pas déjà été roi ici, à Pourrière ?

— C’est vrai, nous y sommes ; je reconnais la ferme là-bas… Mais, par tous les saints ! voici des gens qui nous viennent souhaiter la bienvenue.

— Qu’est-ce que cela ?

— La procession de la Maye ; oubliez-vous que nous sommes le 1er mai.

Des cris répétés de : « Vive la reine » confirmèrent cette explication.

— Voilà qui est de bon augure pour notre mission, messires, dit Mgr de Sens en faisant ranger son escorte. Bien que ce ne soit pas encore celle que nous venons chercher, cédons le pas à la reine.

Les gentilshommes du Nord regardaient curieusement ce spectacle nouveau pour eux.

Soudain une exclamation joyeuse s’échappa de leurs rangs.

— Douce ! par tous les saints ! C’est Douce !