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II


Frantz, si gâté, si choyé par son père, se trouva d’abord bien dépaysé.

Michel Wonguen était un des premiers du métier, non comme Verner par le fini et l’élégance, mais par sa nombreuse clientèle, et il occupait plusieurs ouvriers.

Frantz serait devenu un des meilleurs, sans une lenteur excessive, qui tenait surtout au soin minutieux qu’il apportait à son ouvrage et qui contrastait avec ses compagnons abatteurs de besogne.

En réalité, il avait hérité des goûts artistiques de son père et ce travail grossier le rebutait. Mais il s’en cachait soigneusement et mettait tous ses efforts à mieux faire pour récompenser son bienfaiteur de sa charité.

Et puis son infirmité le rendait gauche, maladroit, impropre à mille petits services ; et souvent les railleries de ses camarades, bons de cœur mais rudes d’écorce, lui faisaient verser des larmes amères.