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louison

C’était dame Lorrain, la fermière des Saules.

— Moi, je remplacerai ton défunt père, dit le fermier.

— Et je t’aimerai bien, ajouta le petit garçon.

Sans plus de façons, l’adoption fut consentie de part et d’autre, et Louison, installée à la ferme, fut traitée comme l’enfant de la maison.

C’étaient de braves et excellentes gens que les époux Lorrain, et Louison ne pouvait tomber en meilleures mains.

Claude, lui, bonne et tendre nature, adorait sa sœurette et se trouvait trop heureux de faire ses quatre volontés.

Aussi quel chagrin lorsque, six mois après, un monsieur, à l’allure raide et guindée des Anglo-Saxons, se présenta à la ferme, accompagné du curé, pour réclamer Louison, au nom de son oncle de New-York.

Les deux frères, séparés depuis vingt ans, avaient peu de rapports, se bornant à échanger chaque année une courte lettre se résumant à peu près en : « Comment allez-vous ? Avez-vous besoin de moi ? » de la part du banquier ; et en : « Merci, la terre et les bras sont bons », de la part du fermier.

All right ! faisait Alphonse Scherer en repliant la missive.

Et tout était dit.

Mais cette année-là, ne recevant pas de réponse, il s’était informé, et, à la nouvelle du malheur des siens, il avait télégraphié à son correspondant de Paris de lui envoyer immédiatement sa nièce, le chargeant en même temps de récompenser ceux qui s’en étaient occupés jusque-là.

En écoutant ces explications, Lorrain et sa femme se regardèrent navrés… La pensée qu’on pût leur enlever leur fille d’adoption ne leur était jamais venue.

— Puisque c’est le bonheur de la petite, nous ne pouvons pas l’empêcher, dit le fermier. Quant à une récompense,