Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


V


Les orphelins devaient se mettre en route le lendemain ; leurs adieux étaient faits aux amis de leur enfance qu’ils ne quittaient pas sans un réel chagrin. La respectable milice des apprentis était en deuil.

Qui remplacerait Guy, le joyeux luron aux cent refrains, au rire éternel, aux farces drolatiques, réjouissant même ceux qui en étaient les victimes ?

L’apothicaire du coin, tout en pilant ses amandes, se rappelait le jour où, seul à sa boutique, il avait vu défiler tous les polissons de la ville, venant, l’un après l’autre, lui demander un liard de fleurs ou de feuilles, séchant au grenier, et dont la liste avait été soigneusement dressée par ce vaurien de Guy… qu’il était maintenant prêt de regretter, tout en déclarant avec une grosse voix que « c’était un fameux débarras !»

« À l’Homme de bronze » le cloutier souriait dans sa barbe en jetant un coup d’œil sur le « Charlemagne » ornant