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les apprentis de l’armurier

— As-tu au moins la tienne, frère ? questionna-t-il anxieusement.

Les spectateurs riaient de ce qu’ils prenaient pour une adroite comédie.

Mais Gaultier tira de sa poitrine la bourse de cuir renfermant leur petite fortune, et jetant une pièce d’or sur la table.

— Payez-vous, dit-il, de son air de prince.

Il y eut un murmure de surprise.

L’aubergiste prit la pièce, la tournant, la retournant, soupçonneux.

— Je ne connais pas cette monnaie-là, moi. Où avez-vous volé cela ? ajouta-t-il brutalement.

Gaultier devint blême et leva son bâton ; Guy, plus calme, l’arrêta vivement :

— Nous ne sommes pas des voleurs, dit-il ; cet argent nous vient de l’héritage de notre grand’mère qui était du pays de Flandres.

— Ta, ta, ta ! Et qui était cette grand’mère si riche, dont les enfants sont colporteurs… D’où venez-vous ; où allez-vous ?

Mentir cette fois était peut-être imprudent et, bien qu’il en eût bonne envie, Guy jugea plus sage de répondre franchement :

— Voilà du reste une attestation de maître Lansac, armurier à Aix, notre ancien patron, qui vous certifiera que nous sommes d’honnêtes garçons et non des truands, ajouta-t-il en terminant.

Aux noms de dame Véronique et de maître Lansac, le voyageur qui buvait son vin épicé à petites gorgées, en écoutant le débat, dressa l’oreille, et, prenant la pièce l’examina attentivement.

Elle portait une tête casquée, avec la légende, B Comes Gant.