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les apprentis de l’armurier

naissance, mais en prévenant loyalement le digne Parisien qu’il ne devrait pas compter sur leurs services.

— Bon ! bon ! c’est entendu : on ne force personne, dit-il gaiement ; mais on ne peut répondre de l’avenir.

— Tu as peut-être eu tort de t’engager ainsi, frère, dit Gaultier, lorsqu’ils furent enfermés dans la petite chambre que leur avait fait donner leur protecteur, au lieu et place de la simple botte de paille à laquelle se bornait leur ambition.

— Bon ! que crains-tu encore ?

— Je ne sais, mais l’amitié de ce riche bourgeois me semble bien prompte. Il ne nous connaît pas.

— Mais il connaît maître Lansac ; et puis, entre gens de même métier.

— C’est égal.

— Sais-tu, mon Gaultier, que nous avons changé de rôle ; toi, si brave, tu trembles sans cesse maintenant.

— Oui, pour vous, mon cher sire. Je n’aurai de repos que lorsque je vous verrai, couronne en tête, entouré de vos gardes, dans votre palais de Bruges.

— Ainsi soit-il ! En attendant passe-moi mon bonnet de coton ; c’est moins lourd, dit l’héritier du comte Baudouin en s’étendant voluptueusement sur sa couchette.

Il eût peut-être été moins tranquille, si, derrière la porte close, il eût vu maître Pierre, l’oreille au guet, s’éloigner sur la pointe du pied en se frottant les mains.

— Décidément ! j’ai eu un flaire de limier, murmura-t-il : on peut trouver le nid, les oiseaux sont dénichés…