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les apprentis de l’armurier

Elle interrogeait Douce, improvisée garde-malade, et qui ne quittait pas le chevet de la patiente.

Mais la mignonne se souciait peu de son nom ou de son rang : c’était la mère de son ami, et ce titre suffisait pour qu’elle lui prodiguât les soins les plus dévoués.

Ils furent couronnés de succès. Bientôt l’étrangère revint à la vie et à la souffrance.

L’enfant qu’elle cherchait depuis tant d’années était passé près d’elle, elle lui avait parlé, et elle ne l’avait pas reconnu ; et rien ne lui avait crié : « C’est ton fils ! »

Ses larmes coulaient abondantes et pressées, en racontant à ses hôtes, émus de pitié, la longue suite de malheurs qui avaient fondu sur elle, depuis la mort de son père et de son époux.

Échappée miraculeusement au trépas qui déjà l’étreignait à la gorge, elle était demeurée longtemps malade et ne s’était vue renaître à l’existence que pour se trouver seule, entourée d’ennemis, sans protecteur, sans guide, séparée de son fils, éloigné par prudence, et ne sachant ce qu’il était devenu.

Dix fois elle avait cru être sur ses traces, mais les précautions de la bonne Véronique, pour dépister les ravisseurs, s’étaient tournées contre elle, la mère, et de nouvelles déceptions l’attendaient quand elle croyait toucher au but.

La dernière était la plus cruelle et les bonnes gens qui l’écoutaient, navrés, cherchaient vainement une consolation à cette illustre infortune.

Les jeunes voyageurs me pouvaient être loin ; on ne va pas vite, à pied et sans argent ; on enverrait à leur poursuite un homme intelligent, actif, qui les ramèneraient en quelques jpurs.

Madame Marguerite secoua la tête.