Page:Dourliac - Les apprentis de l'armurier, 1895.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
les apprentis de l’armurier

prononcer fera trembler sur son trône notre orgueilleuse princesse, comme jadis le nom de Joas fit trembler la sanguinaire Athalie.

Un vif mouvement de curiosité resserra le cercle des auditeurs.

— Vous n’avez pas perdu souvenance de la seconde fille de notre sire comte Baudouin, Mme Marguerite, qui avait suivi son père à la Croisade et qui était si bonne et si douce ; plusieurs d’entre vous l’ont connue.

« Eh bien, Mme Marguerite a laissé un fils que sa tante a vainement cherché à faire périr et que j’ai sauvé, moi, pour le plus grand bien de notre chère Flandre.

« Le voulez-vous pour seigneur ?

— Oui ! oui ! s’écria l’assemblée, enthousiasmée par cet habile discours.

— Où est-il ?

— Le voici, répondit maître Pierre Randaël.

La tapisserie se souleva, et Guy, l’épée au côté, parut sur le seuil.

— Monseigneur, dit le « rewart » en s’inclinant profondément, permettez aux échevins de votre fidèle cité de Lille d’être les premiers à saluer l’héritier de leurs comtes.

Cette mise en scène, savamment combinée, enflamma ces têtes flamandes, aussi promptes à s’échauffer, sous leur apparence placide, que les imaginations méridionales, et une acclamation générale salua le nouveau comte de Flandre, défenseur des libertés publiques.