Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 95 )

l’endroit le moins curieux de ſon livre :

Il remarque d’abord que le Peuple Juif n’étoit pas le ſeul choiſi de Dieu, ou du moins qu’il y eut dans tous les tems des Elus parmi les autres nations.

Nous voyons au 14e. Chapitre de la Génèſe Melchisédech Roi de Salem & Pontifie du Très-Haut qui bénit Abraham le bien-aimé de Dieu. Voilà deux étrangers qui connoiſſoient Dieu, & qui ſavoient l’adorer avant qu’il ait preſcrit un culte à ſon Peuple. On ne voit pas qu’Abraham eût reçu aucune loi de Dieu ; & néanmoins il eſt dit qu’il obſervoit la loi de Dieu.

Quelle loi ? la même apparemment qu’obſervoit Melchisédech. Gen. XXVI. v. 5.

Dieu dit dans Malachie, Chap. 1er. v 10. & 11. ab ortu ſolis uſque ad occcaſum meum nomen magnum eſt inter gentes. Vous ſavez que dans l’Ecriture le mot de Gentes par rapport aux Juifs, ſignifie toujours les Payens. Dieu avoit donc des adorateurs & des Saints chez plus d’un Peuple qui n’étoit pas ſon Peuple. Inter gentes. Tels étoient Job, dont on ignore le pays, & peut-être une infinité de bons Iſmaélites, qui, pour avoir été