Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/12

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§. II.

Il y a un Dieu, donc il faut un culte ; fauſſe conséquence ! Le monde n’eſt point éternel, donc il y a eu un Dieu & point de culte. Les bêtes ne rendent aucun culte à Dieu ; donc ſi l’homme n’y étoit pas, il y auroit un Dieu, des créatures & point de culte.

§. III

Mais la créature raiſonnable ne ſauroit ſe diſpenſer de rendre un culte à Dieu ; cela eſt faux : ce culte ſeroit ou pour l’utilité ou pour la gloire de Dieu, ou pour l’utilité ou pour la gloire de l’homme : le premier eſt abſurde, Dieu n’en a pas beſoin ; il ſe ſuffit à lui-même en tout, par-tout & en tout tems. Si le culte n’eſt que pour la créature, la religion ne ſera plus qu’une même choſe avec la ſociété, il n’y aura plus de péché contre Dieu, il n’y en aura que contre les hommes ; donc Dieu reſtera dans l’éternité de ſon immuable repos ſans punir ni récompenſer. C’eſt aux hommes ſeuls qu’appartiendra le droit de punir & de