Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 21 )

noient le partage fait. Le fils ne s’eſt point partagé lui-même, le créancier ne peut ſe payer lui-même qu’en remettant ſa créance au débiteur, d’où j’argumente ainſi :

Dieu agit toujours par la voie la plus ſimple, il étoit plus ſimple de remettre aux hommes leur dette purement & ſimplement que de faire incarner Dieu pour ſe payer. Donc Dieu n’a pû s’incarner. Mais, dira-t-on, il falloit que Dieu fût payé ; point du-tout ; le Pere & le St. Eſprit pouvoient également remettre leur créance comme le fils remettoit la ſienne.

§. V.

Quelle dette Dieu demandoit-il à l’homme pour ſon péché & pour obliger le fils de s’incarner, & pour faire égorger un Dieu ? La mort à laquelle les hommes avoient été condamnés lors de la chute d’Adam, étoit plus que ſuffiſante pour acquitter la dette contractée par le péché commis par le ſeul Adam. Cette ſatiſfaction étoit ſuffiſante puiſque Dieu lui-même l’avoit imposée & s’en étoit contenté.