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§. IV.

Les miracles de Jéſus-Chriſt ne ſont atteſtés que par ſes Sectateurs dont la cauſe eſt la même que la ſienne. Or perſonne ne peut être témoin dans ſa propre cauſe. Mais, dira-t-on, perſonne ne s’eſt élevé contre ces miracles dans le tems qu’ils s’opéroient : cela prouve qu’ils ne s’opéroient pas, d’ailleurs où ſont les procès verbaux qui conſtatent l’autenticité de ces faits & les rapports des Auteurs qui nous les ont tranſmis ? D’ailleurs les Chrétiens devenus les maîtres ont ſupprimé autant qu’ils ont pu les pieces de leurs adverſaires ; ils ont multiplié leurs propres titres, & le Paganiſme accablé ſous le poids du Sacerdoce & n’ayant plus de partiſans, les réclamations ſe ſont perdues faute de copiſtes. Mais, dira-t-on, les miracles de Jéſus-Chriſt n’ont point eu de contradicteurs depuis 15. ou 16. ſiecles : ſoit ; il ne peut y avoir de preſcription dans la cauſe de la raiſon. Si l’antiquité faiſoit en faveur d’une erreur, quels titres les Juifs, les Guebres, les Payens n’auroiens-ils point ?