Page:Doutes sur la religion, suivies de l'Analyse du Traité theologipolitique de Spinosa, 1769.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 66 )

même. C’eſt pourquoi il ſuppoſe deux puiſſances tout-à-fait diſtinctes, celle de Dieu & celle de la nature. IL confeſſe pourtant que cette derniere eſt déterminée par celle de Dieu qui l’a créée, aux effets naturels qu’elle produit ; mais il ne ſait ce qu’il entend par l’une & par l’autre de ces deux puiſſances, ce que c’eſt que Dieu & la nature. Il ſe figure ſeulement la puiſſance de Dieu comme un Empire abſolu, & la puiſſance de la nature comme un ſimple mobile ou comme un reſſort fort borné pour ſes opérations.

Telle eſt l’erreur populaire qui accrédite les miracles. Spinoſa veut nous en guérir & pour cet effet il ſoutient qu’il n’arrive rien dans la nature qui ne ſoit une ſuite néceſſaire des loix de la nature ; que ces loix s’étendent à tout ce qui peut être connu, même par l’intelligence divine, ; qu’enfin la nature garde toujours un ordre fixe & immuable. Il ajoute que le nom de miracle ne peut s’entendre que reſpectivement à l’opinion des hommes, & ne ſignifie en effet autre choſe qu’un accident peu commun dont on ne peut expliquer les cauſes naturelles par la comparaiſon d’un accident plus or-