On baisait mes habits de respect et de sauvage affection. À peine pourrait-on croire le vif attachement qu’avaient pour moi ce peuple qui ne connaissait ni lien de parenté ni aucune sensation d’âme. Pour le coup leurs hommages ne purent me faire oublier les réflexions sur lesquelles ma fuite malheureuse m’avait fait passer. Je restai parmi eux le temps nécessaire à ma guérison. Je résolus alors de rompre définitivement avec cette vie d’opprobre. Il m’était très facile de le faire. J’avais trois fortunes immenses entre les mains et ma volonté absolument libre. Je donnai encore quelques soins à mes sujets en leur laissant des instructions et en transmettant mon pouvoir à l’homme le plus capable de me succéder. Ces dernières dispositions terminées je m’embarquai pour l’Europe avec une caisse de quatre milions en or et en pierreries.
Page:Doutre - Les fiancés de 1812, 1844.djvu/442
Apparence