— Nous ne calculons pas la durée comme vous. Nos conditions diffèrent.
— Êtes-vous heureux ?
— Oui.
— Vous ne voudriez pas revenir, à la vie ?
— Non. Non, certes.
— Avez-vous des occupations ?
— Comment, sans occupations, pourrions-nous être heureux ?
— Que faites-vous ?
— Je vous ai dit que nos conditions sont absolument différentes.
— Pouvez-vous nous donner une idée de vos travaux ?
— Nous travaillons pour notre propre perfectionnement et pour l’avancement des autres.
— Vous est-il agréable de venir ici ce soir ?
— J’y viens avec joie si, en y venant, je puis faire quelque bien.
— Faire le bien, c’est donc votre but ?
— C’est, sur chaque plan, le but de toute existence.
— Vous entendez, Markham ? Voilà qui répond à vos scrupules.
En effet, je ne gardais plus aucun doute ; je n’éprouvais plus que de l’intérêt.
— Dans votre vie, connaissez-vous la douleur ? demandai-je.
— Non. La douleur est chose corporelle.
— Mais l’affliction mentale ?
— Oui : l’on peut toujours être inquiet ou triste.
— Rencontrez-vous les amis que vous avez connus sur la terre ?
— Quelques-uns.
— Seulement quelques-uns ?
— Seulement les sympathiques.
— Les époux se retrouvent-ils ?
— Quand ils se sont vraiment aimés.
— Et dans le cas contraire ?
— Ils ne sont plus rien l’un pour l’autre.
— Il faut donc qu’il y ait affinité spirituelle ?
— Évidemment.
— Ce que nous faisons est-il bien ?
— Si vous le faites dans le bon esprit.
— Qu’entendez-vous par le mauvais esprit ?
— L’esprit de curiosité et de légèreté.
— Peut-il en résulter un mal ?