Page:Doyle - Du mystérieux au tragique.djvu/110

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mière nous entendîmes quelque chose qui soufflait bruyamment et se démenait dans les ténèbres.

— Qu’y a-t-il ? Le Duc, qu’avez-vous fait ?

— Ça va. Rien à craindre.

La voix du Français vibrait d’émotion.

— Juste ciel, Moir ! Il y a un gros animal dans la chambre ! Là… tout près de ma chaise ! Éloignez-vous ! éloignez-vous !

C’était Deacon qui parlait. Puis vint le bruit d’un choc sur un corps dur. Et ensuite… ensuite… Mais comment dire ce qui arriva ensuite ?

Quelque chose d’énorme se heurtait à nous dans le noir, se cabrait, piaffait, écrasait, bondissait, s’ébrouait. La table vola en éclats, et nous prîmes la fuite dans tous les sens. L’énorme chose grondait, nous bousculant, se ruant avec une force horrible d’un bout à l’autre de la chambre. Nous poussions tous des cris d’épouvante ; nous nous traînions sur nos mains, sur nos genoux, cherchant à nous dérober aux attaques. Je ne sais quoi se posa sur ma main droite, et mes os s’écrasèrent sous la pression.

— De la lumière ! de la lumière ! hurla quelqu’un.

— Moir, vous avez des allumettes… des allumettes !

— Je n’en ai pas une seule ! Deacon, où sont les allumettes ? Les allumettes, pour l’amour de Dieu !

— Je n’arrive pas à les trouver. Voyons, le Français, arrêtez cela !

— C’est au-dessus de mes moyens ! Oh ! mon Dieu ! je ne puis plus l’arrêter ! La porte… où est la porte ?

Ma main, par bonheur, en tâtonnant dans la nuit, trouva la poignée. La chose soufflante, ronflante, galopante, passa d’un bond devant moi et alla donner de la tête contre la cloison, qui rendit un bruit terrible. Je tournai la poignée, et, tous, nous fûmes dehors à la minute, la porte fermée derrière nous. À l’intérieur, il y eut un épouvantable fracas d’objets mis en pièces.

— Qu’est-ce que cela ? Au nom du ciel, qu’est-ce ?

— Un cheval. Je l’ai vu quand la