Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
jim harrison, boxeur

Elle s’était mise en route pour le voir, c’était certain, car ils s’entendaient mieux que jamais.

Elle ne leva pas même les yeux. Elle ne vit pas le geste que je lui adressai de la main.

Ainsi donc, dès que nous eûmes tourné la courbe de la route, le petit village disparut de notre vue ; puis par delà le creux que forment les dunes, par delà les clochers de Patcham et de Preston, s’étendaient la vaste mer bleue et les masses grises de Brighton au centre duquel les étranges dômes et les minarets orientaux du pavillon du Prince.

Le premier étranger venu aurait trouvé de la beauté dans ce tableau, mais pour moi, il représentait le monde, le vaste et libre univers.

Mon cœur battait, s’agitait, comme le fait celui du jeune oiseau, quand il entend le bruissement de ses propres ailes et qu’il glisse sous la voûte du ciel au-dessus de la verdure des compagnes.

Il peut venir un jour où il jettera un regard de regret sur le nid confortable dans la baie d’épine, mais songe-t-il à cela, quand le printemps est dans l’air, quand la jeunesse est dans son sang, quand le faucon de malheur ne peut encore obscurcir l’éclat du soleil par l’ombre malencontreuse de ses ailes.