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Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/138

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jim harrison, boxeur

nous aurons franchi le môle au pont de Kimberham, et nous avons fait ce trajet en deux heures quatorze minutes. Le prince a fait le parcours à Carlton House avec trois chevaux en tandem en quatre heures et demie. La première moitié est la plus pénible et nous pourrons gagner du temps sur lui, si tout va bien. Il nous faut regagner l’avance d’ici à Reigate.

Et l’on se lança à fond.

On eût dit que les juments baies devinaient ce que signifiait ce flocon blanc qui était en avant. Elles s’allongeaient comme des lévriers.

Nous dépassâmes un phaéton à deux chevaux qui se rendait à Londres et nous le laissâmes derrière comme s’il eût été immobile.

Les arbres, les clôtures, les cottages défilaient confusément à nos côtés.

Nous entendîmes les gens jeter des cris dans les champs, convaincus que c’était un attelage affolé.

La vitesse s’accélérait à chaque instant. Les fers faisaient un cliquetis de castagnettes. Les crinières jaunes voltigeaient, les roues bourdonnaient. Toutes les jointures, tous les rivets craquaient, gémissaient pendant que la voiture oscillait et se balançait au point que je dus me cramponner à la barre de côté.

Mon oncle ralentit l’allure et regarda sa montre lorsque nous aperçûmes les tuiles grises et les maisons d’un rouge sale de Reigate dans la dépression qui était devant nous.

— Nous avons fait les six derniers milles en moins de vingt minutes, dit-il, maintenant nous avons du temps devant nous et un peu d’eau au « Lion Rouge » ne leur fera pas de mal. Palefrenier, est-il passé un four-in-hand rouge ?

— Vient de passer à l’instant.