Aller au contenu

Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
jim harrison, boxeur

Mais il faudrait bien les quitter et à bref délai comme je l’appris avec les bruyantes félicitations de mon père et les larmes de ma mère.

Il avait été nommé au commandement du Caton, vaisseau de soixante-quatre canons, pendant qu’un billet de Lord Nelson daté de Portsmouth, m’informait qu’un poste vacant m’attendait si je me mettais en route tout de suite.

— Et votre mère tient prêt votre coffre de marin, mon garçon. Vous pourrez faire le voyage demain avec moi, car si vous tenez à être un des hommes de Nelson, il faut lui prouver que vous êtes digne de lui.

— Tous les Stone sont entrés dans la marine, dit ma mère à mon oncle, comme pour s’excuser, et c’est une grande chance pour lui d’y entrer sous le patronage de Lord Nelson. Mais nous n’oublierons jamais la bonté que vous avez eue, Charles, de montrer un peu le monde à Rodney.

— Au contraire, ma sœur Mary, dit gravement mon oncle, votre fils a été pour moi une société très agréable, au point que je crains qu’on ait le droit de m’accuser de négligence envers Fidelio. Je vous le ramène, j’espère, un peu plus poli que je l’ai emmené. Ce serait folie que de le traiter de distingué, mais du moins il n’y a aucun reproche à lui faire. La nature lui a refusé les dons suprêmes. Je l’ai trouvé peu disposé à y suppléer par des avantages artificiels, mais du moins je lui ai montré un peu la vie. Je lui ai donné quelques leçons de finesse et de conduite qui paraîtront peut-être de trop à présent, mais qui reviendront en valeur lorsqu’il sera d’âge plus mûr. Si sa carrière dans la ville n’a pas donné ce que j’en attendais, la raison s’en trouve uniquement de ce fait que j’ai la sottise de juger autrui d’après l’idéal que je me suis fait. Toutefois, je