Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/253

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que de rester pour vivre en exilé et en mendiant. En outre, il est absolument certain que les Alliés m’auraient fusillé. Ainsi, je me suis épargné une humiliation.

— Les Alliés, monsieur, dit le major avec une certaine chaleur, ne se rendraient jamais coupables d’un acte aussi barbare.

— Vous n’en savez rien, major, dit-il. Supposez vous donc que j’aurais fui en Écosse et changé de nom, si je n’avais eu rien de plus à craindre que mes camarades restés à Paris ? Je tenais à la vie, car je savais que mon petit homme reviendrait. Maintenant, je n’ai plus qu’à mourir, car il ne se trouvera plus jamais à la tête d’une armée. Mais j’ai fait des choses qui ne peuvent pas se pardonner. C’est moi qui commandais le détachement qui a fusillé le duc d’Enghien ; c’est moi qui… Ah ! Mon Dieu ! Edie ! Edie, ma chérie !

Il leva les deux mains, dont les doigts s’agitèrent, et tremblèrent comme s’il tâtonnait.

Puis il les laissa retomber lourdement devant lui, et sa tête se pencha sur sa poitrine.