Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/4

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pieds, qui se nourrit de charbon, dont le corps recèle un millier d’hommes, et qui ne cesse de ramper le long de la frontière.

Quand le temps est clair, j’aperçois sans peine le reflet des cuivres, lorsqu’elle double la courbe vers Corriemuir.

Puis, si je porte mon regard vers la mer, je revois la même bête, ou parfois même une douzaine d’entre elles, laissant dans l’air une trace noire, dans l’eau une tache blanche, et marchant contre le vent avec autant d’aisance qu’un saumon remonte la Tweed.

Un tel spectacle aurait rendu mon bon vieux père muet de colère autant que de surprise, car il avait la crainte d’offenser le Créateur, si profondément enracinée dans l’âme, qu’il ne voulait pas entendre parler de contraindre la Nature, et que toute innovation lui paraissait toucher de bien près au blasphème.

C’était Dieu qui avait créé le cheval.

C’était un mortel de là-bas, vers Birmingham, qui avait fait la machine.

Aussi mon bon vieux papa s’obstinait-il à se servir de la selle et des éperons.

Mais il aurait éprouvé une bien autre sur-