Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Vous serez mon intendant, Jack, dit-elle en riant. C’est là votre voiture, elle a l’air bien drôle. Mais où vais je m’asseoir ?

— Sur le sac, dis-je.

— Et comment faire pour monter ?

— Mettez le pied sur le moyeu, dis-je, je vous aiderai.

Je me hissai d’un saut, et je pris deux petites mains gantées dans les miennes.

Comme elle passait par-dessus le côté de la carriole, son haleine passa sur sa figure, une haleine douce et chaude, et aussitôt s’effacèrent par lambeaux ces langueurs vagues et inquiètes de mon âme.

Il me sembla que cet instant m’enlevait à moi-même et faisait de moi un des membres de la race des hommes.

Il ne fallut pour cela que le temps qu’il faut à un cheval pour agiter sa queue, et pourtant un événement s’était produit.

Une barrière avait surgi quelque part.

J’entrai dans une vie plus large et plus intelligente.

J’éprouvai tout cela sous une brusque averse, et pourtant dans ma timidité, dans ma