Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pourquoi, enfin.

— Parce que vous me faites partir.

— Je ne tiens pas à ce que vous partiez, Jack.

— Vous l’avez dit ; vous avez dit que les gens de la campagne ne sont bons qu’à y rester. Vous tenez toujours ce langage. Vous ne faites pas plus cas de moi que de ces pigeons dans leur nid. Vous trouvez que je ne suis rien du tout. Je vous ferai changer d’idée.

Tous mes griefs partaient en petits jets qui me brûlaient les lèvres.

Pendant que je parlais, elle rougit, et me regarda de son air à la fois railleur et caressant.

— Ah ! je fais si peu cas de vous ? dit-elle, et c’est pour cette raison là que vous partez ? Eh bien, Jack, est-ce que vous resterez si… si je suis bonne pour vous ?

Nous étions face à face et fort près.

En un instant la chose fut faite.

Mes bras l’entourèrent.

Je lui donnai baisers sur baisers, sur la bouche, sur les joues, sur les yeux.

Je la pressai contre mon cœur.

Je lui dis bien bas quelle était tout pour moi, tout, et que je ne pouvais pas vivre sans elle.