Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/7

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Il avait toujours gagné la partie : voilà ce qu’il y avait de terrible.

On eût dit qu’il portait la fortune en croupe.

Et en ces temps-là nous savions qu’il était posté sur la côte septentrionale avec cent cinquante mille vétérans, avec les bateaux nécessaires au passage.

Mais c’est une vieille histoire.

Chacun sait comment notre petit homme borgne et manchot anéantit leur flotte.

Il devait rester en Europe une terre où l’on eût la liberté de penser, la liberté de parler.

Il y avait un grand signal tout prêt sur la hauteur près de l’embouchure de la Tweed.

C’était un échafaudage fait en charpente et en barils de goudron.

Je me rappelle fort bien que tous les soirs je m’écarquillais les yeux à regarder s’il flambait.

Je n’avais alors que huit ans, mais à cet âge, on prend déjà les choses à cœur, et il me semblait que le sort de mon pays dépendît en quelque façon de moi et de ma vigilance.

Un soir, comme je regardais, j’aperçus une faible lueur sur la colline du signal : une pe-