Page:Doyle - La Hachette d'Argent, paru dans le Journal des Voyages, 1907-1908.pdf/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

parvenue jusqu’ici pour ma condamnation. Voyez-vous cette rouille brune qui l’a tachée ? Savez-vous ce que c’est ? C’est le sang de mon plus cher ami, de mon meilleur ami, le professeur Von Hopstein. Je l’ai vu jaillir jusque sur le manche, quand j’ai planté la lame dans son cerveau, mein Gott ! je le vois maintenant.

— Sous-inspecteur Winkel, dit Baumgarten en s’efforçant de conserver son calme officiel, vous allez arrêter cet homme accusé, d’après ses propres aveux, d’avoir assassiné le défunt professeur. Je vous confie également Von Schlegel ici présent, accusé de tentative de meurtre contre M. Strauss. Vous mettrez aussi en lieu sûr cette hachette (et il la ramassa) qui paraît avoir été l’instrument des deux crimes. »

Wilhelm Schlessinger était resté appuyé contre la table, la figure d’une pâleur terreuse.

Dès que l’inspecteur eut cessé de parler, il releva la tête d’un air agité.

« Qu’avez-vous dit ? s’écria-t-il. Von Schlegel attaquer Strauss ? Les deux amis les plus intimes qu’il y ait dans l’Université ! Et moi qui ai tué mon vieux maître ! C’est de la magie, vous dis-je, c’est l’effet d’un charme, il y a un sortilège qui pèse sur nous. C’est… Ah ! je devine ! C’est la hachette, cette hachette trois fois maudite. »

Et il montra d’un mouvement convulsif l’arme que l’inspecteur Baumgarten tenait encore à la main.