Page:Doyle - La Marque des quatre.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Le trésor s’est envolé », dit tranquillement miss Morstan.

En entendant ces mots, il me sembla qu’on m’enlevait un grand poids. Je ne m’étais pas rendu bien compte jusque-là de tout ce que m’avait fait souffrir ce trésor d’Agra. C’était très mal sans doute, j’agissais ainsi en égoïste, en ami peu fidèle, mais je ne voyais qu’une chose, c’est que la barrière d’or qui me séparait d’elle avait enfin disparu.

« Dieu soit loué ! » m’écriai-je, et ce cri partait du fond du cœur.

Elle me regarda d’un air interrogateur en souriant finement.

« Pourquoi dites-vous cela ? me demanda-t-elle.

— Parce que vous voilà de nouveau à ma portée, dis-je en lui prenant la main, sans qu’elle songeât à la retirer ; parce que je vous aime, Mary, aussi sincèrement que jamais homme ait pu aimer une femme ; parce que ce trésor, ces richesses me fermaient la bouche et que maintenant qu’ils ont disparu je puis vous avouer mon amour. Voilà pourquoi j’ai dit : Dieu soit loué !

— Alors moi aussi je répèterai : Dieu soit