Page:Doyle - La Marque des quatre.djvu/235

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épreuve ; impossible de rencontrer un ami plus sûr. Aussi, à l’heure dite, son bateau m’attendait à l’embarcadère. Mais, par malheur, un gardien rôdait par là, c’était un misérable Pathan qui n’avait jamais laissé échapper l’occasion de m’injurier ou de me brutaliser. J’avais toujours juré de me venger de lui, et voilà que le destin semblait le placer sur ma route pour que je pusse payer la dette de rancune que j’avais contractée envers lui, avant de quitter l’île. Il se tenait sur la rive, la carabine sur l’épaule et me tournant le dos. Je cherchai une pierre pour lui en écraser la tête, mais je n’en vis point auprès de moi. Alors il me vint une idée bizarre : n’avais-je pas une arme toute trouvée dans ma jambe de bois ? Je m’assis donc, protégé par l’obscurité, et enlevai ma béquille. Puis en trois bonds je fus sur lui. Il épaula bien sa carabine, mais au même moment il tombait le crâne fracassé. J’avais frappé si fort que vous pouvez encore voir la marque du coup sur le bois. Nous tombâmes tous les deux, car je ne pouvais me tenir en équilibre sur une seule jambe, mais lorsque je me relevai, je vis qu’il ne remuait plus. Je courus au bateau et une heure plus tard nous étions en pleine mer.

« Touga avait emportée avec lui tout ce qu’il