Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/170

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Dans le principe, ils s’entouraient encore d’une certaine discrétion. Mais, à la longue, ils en étaient venus à une sorte d’extraordinaire imprudence ; car à force de braver la loi, ils avaient acquis la conviction que nul n’oserait jamais témoigner contre eux, et d’autre part ils disposaient d’une armée de faux témoins, en même temps que d’un trésor bien garni pour faire appel, en toute circonstance, aux meilleurs avocats des États. Dix années de crimes n’avaient pas vu la justice convaincre une seule fois les criminels. L’unique danger qui menaçât jamais les Écumeurs, c’était leur victime ; même attaquée à l’improviste et accablée par le nombre, elle pouvait, comme il arrivait parfois, laisser des marques sur ses agresseurs.

Mac Murdo avait été prévenu que sa réception donnerait lieu à certaines épreuves, mais personne n’avait voulu lui dire en quoi elles devaient consister. Deux frères le conduisirent solennellement dans une pièce voisine de la grande salle. Le murmure des voix lui parvenait à travers la cloison de planches. Une ou deux fois, il entendit prononcer son nom, et il comprit qu’on discutait sa candidature. Puis un appariteur entra, qui portait en travers de la poitrine un baudrier vert et or.

« Le Maître ordonne qu’on l’attache, qu’on lui masque les yeux et qu’on l’introduise », dit-il.

Alors, trois hommes lui enlevèrent son veston,