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Page:Doyle - La Vallée de la peur.djvu/81

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VI

PREMIER RAYON DE LUMIÈRE.


Holmes et les deux détectives avaient à s’enquérir de mille détails. Je les quittai donc pour regagner seul notre modeste logement à l’auberge du village. Mais d’abord, je fis un tour dans le jardin, si curieusement vieillot, qui flanquait la maison. Des rangées d’ifs taillés, d’un très grand âge, affectant les dessins les plus capricieux, s’arrondissaient à l’entour ; elles faisaient une ceinture à la vaste pelouse, dont un cadran solaire ornait le centre. Et tout cela était d’une douceur reposante, heureuse à mes nerfs tiraillés. Je pouvais, dans cette atmosphère de paix, oublier ou ne me rappeler que comme un mauvais rêve le triste cabinet de travail sur le parquet duquel s’allongeait une forme sanglante. Pourtant, comme j’allais et venais, tâchant de retremper mon âme ainsi que dans un baume, un incident singulier, qui devait me laisser sous une impression sinistre, vint me rappeler à la tragique réalité.

Dans sa partie la plus éloignée de la maison, le décor d’ifs planté circulairement autour du jardin s’épaississait jusqu’à devenir une muraille ; et par delà cette muraille était