Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ragons avec leurs étendards et leurs timbales, puis les hommes armés de leurs hallebardes, et après eux une longue file de voitures, qu'occupaient les hauts dignitaires de l'ordre judiciaire.

Enfin, traîné par six juments flamandes à sa longue queue, parut un grand carrosse découvert, richement orné d'or massif, et dans lequel se prélassait, sur des coussins de velours, le juge infâme drapé d'un manteau de peluche cramoisie, la tête coiffée d'une grosse perruque blanche, si longue qu'elle retombait jusque sur ses épaules.

On disait qu'il s'habillait d'écarlate, afin de jeter la terreur dans le coeur du peuple, et que ses salles étaient tendues de la même couleur pour cette raison-là.

Quant à lui, il a été d'usage, depuis que sa scélératesse en est venue à être connue de tous, de le dépeindre comme un homme, dont l'expression et les traits étaient aussi hideux que l'âme qu'ils cachaient.

En réalité, il en était tout autrement.

Au contraire, cet homme-là, au temps de sa jeunesse, avait dû être remarquable par son extrême beauté[1] .


Il n'était pas très âgé, il est vrai

  1. Note 5: Le portrait de Jeffreys, dans la Galerie Nationale des Portraits, confirme amplement l'assertion de Micah Clarke. Il est le plus bel homme de la collection. (Note de l'auteur.)