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Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/260

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Ramenez les prisonniers, huissiers. Peut-être vous figurez-vous que par les Plantations j'entends les possessions de Sa Majesté en Amérique. Malheureusement il s'y trouve déjà trop de gens de votre religion. Vous seriez tous au milieu d'amis qui vous encourageraient peut-être dans votre mauvaise voie et mettraient ainsi votre salut en danger. Vous y envoyer, ce serait ajouter du bois au feu, tout en se flattant d'éteindre l'incendie. Ainsi donc, par les Plantations, j'entends les Barbades, où vous vous trouverez avec les autres esclaves, qui ont peut-être la peau plus noire que la vôtre, mais dont j'ose affirmer qu'ils ont l'âme plus blanche.

Le procès se termina sur ce speech final, et nous fûmes ramenés, à travers la foule qui emplissait les rues, dans la prison d'où nous avions été tirés.

Des deux côtés de la rue, sur notre passage, nous pûmes voir les membres de nos anciens compagnons se balançant au vent, et leurs têtes fichées sur des perches et des piques nous regardaient en ricanant.

Nul pays sauvage du coeur de la païenne Afrique ne devait présenter un spectacle égalant en horreur celui de la ville anglaise de Taunton, pendant qu'y régnèrent Jeffreys et Kirke.

Il y avait de la mort dans l'air.

Les citadins allaient et venaient timides, silencieux, osant à peine s'habiller de noir en