Page:Doyle - La nouvelle chronique de Sherlock Holmes, trad Labat, 1929.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
LA NOUVELLE CHRONIQUE

officiel qu’il détenait ; si j’ai bonne mémoire, il ajouta que des espions payeraient cher pour s’en rendre maîtres.

Le visage d’Holmes s’assombrit encore.

— Et puis ?

— Et puis, il prétendit que nous sommes, nous autres Anglais, trop insouciants en pareille matière ; qu’il serait facile à un traître de détourner les plans.

— Ce n’est que tout récemment qu’il vous fit ces remarques ?

— Tout récemment.

— Racontez-nous votre dernière soirée avec lui.

— Nous devions aller au théâtre. Il faisait un brouillard si épais qu’on ne pouvait songer à se procurer un cab. Nous partîmes à pied. Notre chemin passait aux abords de l’arsenal. Soudain, mon fiancé disparut dans le brouillard.

— Sans un mot ?

— En poussant une exclamation, c’est tout. Je l’attendis longtemps, il ne reparut pas ; et je m’en retournai chez moi de guerre lasse. Le lendemain matin, après l’ouverture des bureaux, on vint ici se renseigner. Nous apprîmes vers midi la terrible nouvelle. Ah ! monsieur Holmes, il avait une telle conscience ! Si au moins, grâce à vous, son honneur pouvait être sauf !

Holmes hocha la tête.

— Venez, Watson. Nous n’en avons pas fini. Il faut que nous passions au bureau où l’on a pris les papiers.

Et comme nous remontions en voiture :

— Tout accusait déjà ce jeune homme, nos renseignements fortifient les présomptions que nous avions contre lui. L’approche de son mariage devient un motif de crime. Il a besoin d’argent. Cette idée d’argent le