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DE SHERLOCK HOLMES

ouverture de notre réduit. Puis la porte se referma bruyamment. Holmes me tira par la manche, et nous redescendîmes à pas de loup.

— Je reviendrai ce soir, dit-il à la logeuse impatiente. M’est avis, Watson, que nous discuterons mieux chez nous.

Et quand il eut réintégré les profondeurs de sa bergère :

— Vous avez pu vous en convaincre, mes soupçons ne me trompaient pas. Il y a eu substitution de pensionnaire. Ce que je n’aurais guère prévu, c’est que nous allions trouver une femme.

— Elle nous a vus ?

— Elle a certainement vu quelque chose qui l’a effrayée. À présent, n’est-ce pas, les faits s’expliquent d’eux-mêmes. Un homme et une femme cherchent refuge à Londres contre un danger pressant et terrible. La rigueur de leurs précautions nous donne la mesure de ce danger. L’homme, ayant des obligations à remplir, ne veut laisser sa femme que dans une sécurité absolue. Problème malaisé à résoudre, et qu’il a pourtant résolu de façon si originale, si effective, que nul ne soupçonne la présence de sa femme, pas même la maîtresse du logis où elle prend pension. Les caractères d’imprimerie dont elle se sert pour formuler par écrit ses demandes répondent, sans contredit, à la seule préoccupation de dissimuler son écriture, qui trahirait son sexe. L’homme ne peut se rapprocher de la femme sans guider vers elle ses ennemis. À défaut d’autres moyens pour communiquer avec elle, il utilise la petite correspondance d’un journal. C’est clair.

— Mais au fond de tout ça, qu’y a-t-il ?

— À coup sûr, il ne s’agit pas d’une banale aventure amoureuse. Vous avez vu la figure de la femme