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DE SHERLOCK HOLMES

En arrivant au palier du troisième étage, nous trouvâmes la porte de gauche entre-bâillée. À l’intérieur régnaient l’ombre et le silence. Je frottai une allumette et j’allumai la lanterne du détective. Mais la petite flamme vacillante commençait à peine de s’assurer que nous poussâmes tous ensemble un cri de stupeur. Sur les boiseries blanches du parquet sans tapis, des pas sanglants traçaient une piste rouge. Elle se dirigeait vers nous, en partant d’une chambre contiguë dont la porte était close. Gregson ouvrit la porte, projeta devant lui la lueur de sa lanterne, et par-dessus son épaule nous regardâmes avec des yeux écarquillés.

Au centre de la chambre gisait un homme colossal, dont le visage glabre et basané se tordait dans une contraction. Une plaque de sang circulaire lui mettait autour du front un horrible nimbe. Ses genoux s’étaient relevés, ses bras tendus dans l’agonie. De sa gorge largement étalée sortait le manche blanc d’un couteau enfoncé jusqu’au sommet de la lame. Près de lui, à sa gauche, il y avait un formidable poignard à deux tranchants et à manche de corne, ainsi qu’un gant de chevreau.

By George ! c’est Gorgiano en personne ! s’exclama le détective américain. Cette fois, quelqu’un nous a devancés.

— Voyez donc, monsieur Holmes ! dit Gregson, la bougie est restée contre la fenêtre. Mais qu’est-ce que vous faites ?

Holmes avait gagné la fenêtre et allumé la bougie. Un instant, il passa et repassa la flamme d’un côté à l’autre des carreaux ; puis il scruta l’obscurité, souffla la bougie et la jeta sur le parquet.

— Je crois, fit-il, que ceci aura servi à quelque chose.