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DE SHERLOCK HOLMES

cet égard, nous ne possédons pas d’autre indication que celle que nous a donnée M. Mortimer Tregennis lui-même : un de ses frères, nous dit-il, avait cru voir bouger une ombre dans le jardin. Chose bien étonnante, car la nuit était pluvieuse, couverte et obscure. Une personne ayant l’intention de faire peur à ces gens devait, pour être vue, s’avancer jusqu’à coller son front à la vitre. La fenêtre domine une bordure fleurie de trois pieds de large, sur laquelle n’est apparente aucune trace ; on n’imagine donc pas comment, du dehors, quelqu’un a pu causer au dedans une impression si épouvantable, sans compter qu’on ne peut présumer les motifs d’un attentat si spécial et si ingénieux. Vous voyez les difficultés où nous sommes, Watson ?

— Elles ne sont que trop claires, répondis-je d’un ton convaincu.

— Cependant, il nous suffirait peut-être de quelques éléments supplémentaires pour nous apercevoir qu’elles ne sont pas insurmontables. J’ai idée, Watson, qu’en fouillant la riche collection de vos archives nous y trouverions un cas presque aussi mystérieux. Pour le moment, remettons l’affaire jusqu’à ce que des données plus précises nous permettent de la reprendre, et consacrons le reste de la matinée à la recherche de l’homme néolithique.

J’ai déjà eu l’occasion de dire avec quelle aisance mon ami savait se détacher de ses préoccupations ; jamais je n’ai tant admiré chez lui cette faculté que ce matin-là, sur ces falaises de Cornouailles, quand, pendant deux heures, nous devisâmes sur les Celtes, les pointes de flèches et les tessons de vases, aussi légèrement que si nul mystère n’avait réclamé sa solution. Mais nous fûmes vite rappelés à la question, l’après-midi, par un visiteur que nous trouvâmes nous