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Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/109

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-Et pourtant le soldat l'aimait, dit Saxon. Il n'était point homme, quand une ville avait été prise d'assaut, à regarder de trop près quand une femme braillait, non plus qu'à écouter tous les bourgeois qui avaient par hasard trouvé leur coffre plus léger d'une bagatelle. Mais parlons des chefs qui vont lentement. Je n'en ai connu aucun qui pût être comparé au Brigadier Baumgarten, qui était aussi de l'armée impériale. Il levait par exemple ses quartiers d'hiver, pour venir s'établir devant une place forte. Il élevait un épaulement ici, là il creusait une sape, si bien que ses soldats finissaient par avoir mal au coeur rien qu'à regarder la place. Il jouait ainsi avec elle comme un chat avec une souris, jusqu'au moment où elle allait ouvrir ses portes, mais alors il pouvait bien prendre la fantaisie de lever le siège et de se mettre en quartiers d'hiver. J'ai fait deux campagnes sous lui, sans honneur, sans mise à sac, sans pillage, sans profit, excepté une misérable solde de trois florins par jour, payée en pièces rognées, avec six mois de retard... Mais voyez-vous les gens sur ce clocher! Ils agitent leurs mouchoirs comme s'ils apercevaient quelque chose.

-Je ne puis rien voir, répondis-je, en abritant mes yeux et promenant mon regard sur la vallée semée d'arbres qui montait en pente douce jusqu'aux collines couvertes de pâturages de Blackdown.