Page:Doyle - Le Capitaine Micah Clarke, trad. Savine, 1911.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à la tête d'une députation de cette ville au Conseil Privé de Charles. Qui aurait cru que si peu d'années auraient pu produire un pareil changement? Toutes les mauvaises choses qu'on avait fait rentrer sous terre à coups de pieds avaient germé, pullulé, si bien qu'enfin cette vermine déborda dans les rues, et que les gens pieux furent réduits à fuir la lumière du jour. Apollyon en personne triompha vraiment pendant quelque temps. Un homme paisible ne pouvait parcourir à pied les rues sans être bousculé dans le ruisseau par des bravaches, des rodomonts, ou accosté par des femelles fardées. Brigands et volereaux, manteaux brodés, éperons sonores, bottes découpées à jour, grandes plumes, querelleurs, souteneurs, jurons et blasphèmes, je vous réponds que l'enfer s'enrichissait. Et jusque dans l'isolement de votre voiture, vous n'étiez pas à l'abri du larron.

-Comment cela, monsieur? demanda Ruben.

-Eh bien, tenez, voici comment. Comme c'est moi qui en ai pâti, j'ai mieux que tout autre le droit de conter la chose. Vous saurez qu'après avoir été reçus, d'une façon très froide-car nous étions aussi bien vus du Conseil Privé que le collecteur de l'impôt du foyer l'est de la ménagère villageoise-on nous invita par raillerie, je suppose, plutôt que par courtoisie, à la réception du soir au Palais de Buckingham. Nous n'aurions pas demandé mieux, que de nous