Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/180

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bout des ongles ; il a été partout, il a tout vu, il est brillant causeur, et vraiment beau garçon. Cependant quand j’y pense de sang-froid, et qu’il n’est plus là pour exercer sur moi sa séduction, je suis convaincu par son langage cynique et certaine lueur que j’ai saisie dans ses yeux, qu’il faut s’en méfier profondément. C’est mon opinion, et c’est aussi l’opinion de ma petite Mary, qui a déjà le jugement d’une femme.

Et il ne reste plus qu’elle à vous décrire : c’est ma nièce. Quand mon frère mourut il y a cinq ans, cette enfant restait seule au monde ; je l’ai adoptée, et l’ai depuis regardée comme ma fille. C’est mon rayon de soleil ; elle est douce, tendre, charmante, excellente ménagère, maîtresse de maison parfaite, et cependant aussi tranquille, aimable et sensible que femme peut l’être. Elle est mon bras droit, je ne sais ce que je deviendrais sans elle. Elle ne m’a résisté que sur un seul point. Deux fois, mon fils l’a demandée en mariage, car il l’aime tendrement, mais chaque fois elle l’a refusé. Je crois que si quelqu’un avait pu le ramener dans le droit chemin, c’est elle, et que ce mariage l’aurait transformé ; mais hélas ! maintenant, il est trop tard, trop tard à jamais !

Maintenant, monsieur Holmes, vous connaissez tous ceux qui vivent sous mon toit et je vais poursuivre ma triste histoire.