Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/227

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et pendant ce temps je m’étais surpris plus d’une fois à penser à cette femme et aux difficultés contre lesquelles elle avait peut-être à lutter seule. Les appointements extraordinaires qu’on lui donnait, les conditions si bizarres qu’on lui avait faites, tout dénotait des circonstances anormales ; mais il m’était impossible de démêler s’il s’agissait d’une manie ou d’un complot, et si l’homme était un philanthrope, ou un scélérat. Quant à Holmes, il demeurait silencieux des heures entières, les sourcils froncés, l’air absorbé ; refusant de me répondre si j’avais le malheur d’aborder le sujet qui m’intéressait.

— Des renseignements ! Je demande des renseignements ! s’écriait-il avec impatience ; je ne puis bâtir sans fondements. Et il terminait toujours en affirmant qu’il n’aurait jamais permis à une sœur d’accepter pareille situation.

Le télégramme que nous attendions nous parvint dans la soirée, au moment où j’allais me coucher et où Holmes se préparait à travailler toute la nuit pour résoudre un problème scientifique : il était coutumier du fait : je le laissais souvent le soir penché sur une cornue, une éprouvette à la main et je le retrouvais dans la même position le lendemain matin en venant déjeuner. Il déchira l’enveloppe jaune, parcourut le message, et me le jeta.