Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/239

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chaque nuit, et Dieu ait pitié du voleur qui lui tomberait sous la dent. Pour l’amour du Ciel ne mettez le pied dehors la nuit sous aucun prétexte, car ce serait risquer votre vie. »

Le conseil n’était pas sans valeur. Deux jours après, je regardai par la fenêtre de ma chambre à deux heures du matin. Il faisait un beau clair de lune, qui donnait à la pelouse devant la maison un reflet argenté et l’éclairait presque comme en plein jour. Je restais là, charmée de la beauté tranquille de ce spectacle, quand je vis remuer quelque chose sous l’ombre des hêtres. Puis je vis émerger un chien gigantesque, grand comme un veau, de couleur roussâtre, avec le museau noir, les lèvres pendantes, les os saillants. Il traversa lentement la pelouse et disparut dans l’ombre du côté opposé… La vue de cette terrible sentinelle muette me glaça le cœur plus qu’un voleur n’aurait pu le faire, je crois.

Et maintenant, j’en arrive à une très étrange aventure. J’avais, vous le savez, coupé mes cheveux à Londres, et je les avais mis au fond de ma malle. Un soir, l’enfant couché, je me mis à examiner l’ameublement de ma chambre et à arranger mes effets. Il y avait là une vieille commode, dont les deux tiroirs d’en haut étaient vides et ouverts, tandis que celui d’en bas était fermé à clef. J’avais rempli les deux premiers de