Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/58

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second mariage de ma mère. Elle était riche, mille livres sterling de rente, et elle légua sa fortune au docteur Roylott, afin qu’il nous gardât chez lui et à condition qu’il fît à chacune de nous, en cas de mariage, une rente qu’elle détermina. Peu de temps après notre retour en Angleterre, ma mère mourut, tuée dans un accident de chemin de fer près de Crewe, il y a huit ans de cela environ. À partir de ce moment le docteur Roylott ne fit plus aucun effort pour se créer une clientèle à Londres, et il nous emmena avec lui dans la vieille maison de Stoke Moran. La fortune que ma mère avait laissée suffisait amplement à tous nos besoins, et il ne semblait pas qu’il pût y avoir d’obstacle à notre bonheur.

Mais tout à coup le caractère de notre beau-père changea terriblement. Au lieu de se faire des amis et d’échanger des visites avec nos voisins, qui avaient d’abord été enchantés de voir un Roylott de Stoke Moran installé de nouveau dans la vieille demeure de famille, il s’enferma chez lui, et ne sortit guère que pour se quereller férocement avec quiconque se trouvait sur sa route. Une violence de caractère voisine de la folie était du reste chose héréditaire chez les hommes de sa famille, et chez mon beau-père cette disposition avait été, je pense, accrue par son long séjour sous les tropiques. Il se produisit des rixes déplorables