Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/10

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d’Amérique cette petite peau que je vous prie d’accepter. C’est peu de chose, mais vous pourrez en faire une paire de mocassins ou un manchon.

Adèle eut un petit cri de joie lorsque ses mains s’enfoncèrent dans l’épaisse fourrure. Certes, elle pouvait l’admirer, car aucun roi au monde n’aurait pu en posséder une plus belle et plus moelleuse.

— Elle est admirable, monsieur, dit-elle, quel animal est-ce, et d’où vient-elle ?

— C’est un renard noir. Je l’ai tué moi-même l’hiver dernier près des villages iroquois du lac Oneida.

Elle la mit autour de son cou, et son joli visage se détacha comme un marbre blanc sur le noir immaculé de la fourrure.

— Je vous remercie, monsieur, dit-elle. Je regrette que mon père ne soit pas ici pour vous recevoir. Je le remplacerai donc et je vous prie de vous considérer comme chez vous dans cette maison. Votre chambre est là-haut, Pierre vous y conduira lorsque vous le désirerez.

— Ma chambre ! Pourquoi faire ?

— Mais, monsieur, pour y coucher !

— Il faut que je couche dans une chambre ?

Catinat partit d’un éclat de rire en voyant la figure déconfite de l’Américain. – Vous n’y coucherez pas, dit-il, si cela ne vous fait pas plaisir.

Le visage de l’étranger s’éclaira aussitôt, et il alla à une fenêtre qui donnait sur une cour :