Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/109

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— Ils veulent que je revienne sur la promesse que j’ai faite en montant sur le trône, et que mon grand-père avait faite avant moi. Ils veulent que je révoque l’édit de Nantes, et que je chasse de France les huguenots.

— Oh ! mais Votre Majesté n’a pas à s’inquiéter de ces affaires.

— Vous ne voudriez pas que je fisse une telle chose ?

— Non, si cela doit causer de la peine à Votre Majesté.

— Vous avez peut-être conservé quelque doux sentiment pour la religion de votre jeunesse ?

— Non, Sire, je n’ai que de l’horreur pour l’hérésie.

— Et pourtant vous ne voudriez pas qu’ils fussent chassés ?

— Dites-vous, Sire, que le Tout-Puissant peut changer leurs cœurs et les ramener dans le bon chemin, comme il a ramené le mien. Ne pouvez-vous laisser cela entre ses mains ?

— Par ma foi, dit Louis dont le visage s’éclairait, voilà un bon argument. Je verrai si le père La Chaise pourra y trouver une réponse. C’est dur d’être menacé des flammes éternelles parce qu’on ne veut pas ruiner son royaume. Les tourments éternels !… J’ai vu la figure d’un homme qui avait été enfermé pendant quinze ans à la Bastille. Elle était comme un livre terrible avec une balafre ou une ride marquant chaque heure de cette mort dans la vie. Mais l’éternité !…