Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/155

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Thomas d’Aquin, tandis que Bourdaloue après avoir prêché durant toute une semaine devant les bancs vides, vit sa chapelle bondée de seigneurs à l’air ennuyé et de dames dévotement plongées dans leurs livres d’heures. À midi il n’y avait pas une âme à la cour qui ne connût la nouvelle, à la seule exception de Mme de Montespan qui, alarmée de l’absence de son amant, s’était orgueilleusement confinée dans ses appartements.

Louis, dans son égoïsme inné, s’était tellement habitué à regarder chaque événement par le seul côté qui fût capable de l’affecter personnellement, qu’il ne lui était jamais venu à l’idée que sa famille pût s’opposer à sa résolution. Ne lui avait-elle pas toujours marqué cette obéissance absolue qu’il exigeait d’elle comme son droit ? Aussi fut-il surpris quand son frère lui fit demander une audience particulière dans l’après-midi, et se présenta sans ce sourire complaisant, et cet air humble avec lesquels il avait coutume de paraître en sa présence.

Monsieur était une curieuse parodie de son frère aîné. Il était plus petit, mais il portait de très hauts talons qui le grandissaient. Il n’avait dans son aspect général, ni cette grâce qui distinguait le roi, ni cette main et ce pied élégants qui faisaient les délices des sculpteurs. Assez corpulent, il se dandinait en marchant, et portait une énorme perruque noire dont les boucles lui couvraient les épaules. Son teint était plus beau que celui du roi et son nez plus proéminent, quoiqu’il eût de com-