Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/164

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mais en réalité son cœur était allégé, car il avait l’assurance du roi que la femme qu’il haïssait, bien que mariée avec lui, ne s’assoirait jamais sur le trône des reines de France.

Ces attaques répétées, si elles n’avaient pas ébranlé la résolution du roi, l’avaient du moins exaspéré au plus haut point. Un tel vent d’opposition était une chose nouvelle pour cet homme dont la volonté était l’unique loi du pays. Aussi était-il de fort mauvaise humeur quand l’huissier introduisit le vénérable Père La Chaise, son confesseur.

— Je viens vous présenter mes vœux de bonheur, Sire, dit le Jésuite, et vous féliciter du fond du cœur de la résolution que vous avez prise, et qui doit assurer votre tranquillité dans ce monde et dans l’autre.

— Elle ne m’a procuré ni bonheur ni tranquillité, répondit le roi d’un ton maussade. Je n’ai jamais été si harcelé de ma vie. Toute la cour est venue se jeter à genoux pour me supplier de changer mes intentions.

Le Jésuite le regarda avec une lueur d’inquiétude dans ses yeux gris.

— Heureusement Votre Majesté a une volonté ferme, et elle ne change pas d’avis aussi facilement qu’ils le croient.

— Non, non, je n’ai pas cédé. Mais pourtant il faut avouer que c’est très ennuyeux d’avoir tant de gens contre soi. Je crois que tout autre eût été ébranlé.