Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/185

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Le soldat les suivit du regard à travers la nuit avec un sourire moqueur : « Vous ne ralentirez pas l’allure, vous croyez, dit-il à mi-voix comme il s’en allait. Nous verrons bien, mon capitaine nous verrons bien. »

Pendant une demi-lieue et plus les deux amis galopèrent genou contre genou. Le vent s’était élevé soufflant de l’ouest, le ciel s’était couvert de gros nuages gris qui couraient rapidement laissant voir de temps à autre un croissant de lune. Même pendant ces courts intervalles de lumière, la route ombragée comme elle l’était par des arbres touffus, restait noire, mais quand la lune était masquée, ils avaient peine à distinguer leur direction.

Tout à coup Amos Green chancela sur sa selle et poussa une imprécation.

— Eh ! bien, quoi ?… interrogea le mousquetaire.

— C’est une des courroies de ma selle qui vient de casser. Le fer est tombé.

— Pouvez-vous le retrouver ?

— Oui, mais je m’en passerai. Continuons.

Ils continuèrent de galoper, la tête du cheval de Catinat à quelques pieds de la croupe de l’autre, mais cinq minutes après, un craquement se fit entendre et le mousquetaire roula de sa selle sur le sol. Il ne lâcha pas les rênes cependant et en un clin d’œil il fut debout à la tête de son cheval, jurant comme seul un mousquetaire est capable de le faire.